Durant les semaines suivantes, le climat à la maison est devenu très froid. Pas de reproches directs, mais une distance pesante. Je me sentais invisible. Quant à mes amis… la plupart ont disparu. Les regards gênés, les rumeurs, l’isolement. J’étais devenue « la fille enceinte ».
Et pourtant, un tout petit espoir…
Mais il y a eu ce soir-là. Un simple frémissement dans mon ventre. Le tout premier coup de pied. Presque rien, et pourtant tout. Ce minuscule mouvement m’a fait pleurer, mais cette fois, de soulagement. J’étais peut-être jeune, peut-être seule, mais pas inutile. Quelqu’un comptait déjà sur moi.
C’est à ce moment que tout a changé. J’ai commencé à me renseigner, à lire, à m’organiser. J’ai trouvé un petit travail, ouvert une cagnotte, commencé à tricoter. Pas par naïveté, mais pour me prouver que j’étais capable. Que je pouvais être cette maman, forte et présente.
Grandir pour deux

Chaque jour, je sentais mon corps changer, mais c’est surtout mon mental qui évoluait. J’ai arrêté de m’excuser d’exister. J’ai levé la tête. Non pas parce que tout était facile, mais parce que je n’avais plus le choix : j’étais en train de devenir mère.
Et puis, un jour de pluie, elle est arrivée. Ma fille. Ma petite Espérance. Rien ne m’avait préparée à cette intensité d’amour. Quand je l’ai tenue pour la première fois, le monde a semblé s’arrêter une nouvelle fois. Mais cette fois, pour une bonne raison.