J’utilise fréquemment des plantes en vrac, et je les cueille par poignées dans mon « jardin botanique » de plus de deux hectares, là où je vis depuis plus de 25 ans. Non seulement je m’en sers pour préparer des infusions, mais j’en fais du jus et je les ajoute volontiers aux boissons ou aux aliments.
Nul besoin d’être bon jardinier pour obtenir des plantes en vrac, cependant.
Quantité de magasins diététiques et de boutiques spécialisées proposent des rangées de récipients contenant diverses plantes séchées en vrac, vendues à prix modique.
Cela comporte néanmoins un inconvénient : que vous achetiez vos plantes ou que vous les fassiez pousser vous – même, vous ne connaîtrez jamais avec certitude la quantité de principe actif contenue dans les produits en vrac.
C’est là leur principal désavantage par rapport aux extraits normalisés et aux médicaments pharmaceutiques.
L’aspect positif, à mes yeux, c’est qu’en utilisant les plantes en vrac, vous aurez l’occasion d’apprendre à mieux connaître chaque plante. Cela crée un lien spirituel de même type que celui qu’entretenaient ancêtres. Je suis convaincu que ce lien spirituel est également thérapeutique, comme j’en ai maintes fois fait l’expérience tout au long de ma vie.
Mais peut-il y avoir des risques ?
N’ayez crainte. La grande majorité des plantes médicinales dont il est question dans ces pages sont sans danger, même à doses élevées. Et s’il est judicieux d’être particulièrement prudent avec telle ou telle plante ou lorsqu’il s’agit de traiter telle ou telle maladie, j’en fais mention dans le chapitre en question. L’utilisation de plantes en vrac ne présente donc aucun problème particulier sur le plan de la sécurité.
Le seul inconvénient est qu’avec certains lots, vous n’obtiendrez pas forcément la quantité voulue de principe actif ou de substances complexes pour vous donner l’effet thérapeutique qui vous est nécessaire.

Fruit –
Le facteur de variabilité
Pourquoi le pouvoir thérapeutique des plantes en vrac n’est-il pas fiable ? En voici quelques raisons.
La génétique.
Diverses souches génétiques d’une même plante peuvent présenter des différences de pouvoir thérapeutique. Les niveaux de sanguinarine, par exemple, une substance complexe biologiquement active présente dans la plante antiseptique appelée sanguinaire, peuvent varier de un à dix en fonction des caractéristiques génétiques de différents plants. Quant au thym, il peut se produire au sein d’une seule et même espèce des variations de l’ordre de un à mille, voire dix mille.
Milieu de croissance.
Il affecte la santé globale et la vigueur d’une plante. Il est possible que des plantes qui poussent dans un sol aride et peu fertile, sous un climat rude, n’aient pas le même pouvoir thérapeutique que d’autres plantes de la même espèce qui ont poussé dans un sol riche et sous un climat idéal. (Par contre, il est étonnant de constater que les plantes qui se sont développées dans un environnement stressant contiennent souvent un taux plus élevé de substances médicinales complexes.)
Date et méthode de cueillette.
Représentez-vous la différence de goût et de texture entre une pêche encore verte et une pêche mûre. Il est vrai que les plantes ne mûrissent pas de la même manière que les fruits, mais leur concentration en principes actifs présente néanmoins d’énormes variations au cours de leur cycle de vie. Pour que le ginseng offre un pouvoir thérapeutique optimal, ses racines ne doivent être récoltées que lorsqu’elles ont au moins cinq ans d’âge, mais certains cultivateurs pressés de vendre leur récolte ne respectent pas cette règle. De telles racines récoltées trop précocement ne contiendront pas nécessairement les taux optimaux de principes actifs.
Séchage.
Les plantes fraîches sont les plus attirantes. Pensez par exemple à la différence entre la menthe fraîche et la menthe séchée. Toutes deux ont l’odeur et le goût typique de la menthe, mais la feuille fraîche est bien plus aromatique, ce qui signifie qu’elle contient davantage d’essence médicinale de menthe. Chaque fois respirez l’odeur d’une plante, elle perd une fraction minuscule de son essence que vous et de son pouvoir phytothérapique, car ce dernier est contenu dans les molécules odoriférantes dont une partie se dépose sur les bulbes, ou récepteurs olfactifs de votre nez. Lorsqu’elles ont quitté la plante, elles ne reviennent plus. Bien entendu, les plantes ne gardent pas leur fraîcheur très longtemps. C’est bien pourquoi les herboristes ont mis au point tout un système de recettes à base de plantes séchées, qui sont relativement faciles à conserver des mois durant. Cependant, plus longtemps les plantes séchées sont conservées, moins elles sont efficaces. À la longue, la lumière, l’oxygène et la chaleur provoquent des modifications chimiques qui entrainent une diminution de leur pouvoir thérapeutique et les rendent sèches et défraîchies. C’est la raison pour laquelle la majorité des herboristes recommandent de conserver les plantes séchées au frais, dans des récipients en verre opaque hermétiquement fermés. Un stockage judicieux permet de conserver les plantes séchées beaucoup plus longtemps.